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L'Agence

25 février 2008

Iléou le dale?

Premier jour : j'arrive, un peu émue, à l'avance.

Une nouvelle collègue m'ouvre et me présente aux collègues présents.

"Mais il faut absolument que tu voies le Dale! Brigitte, t'as vu le dale?

- Il est en ZT!

- Viens, on va en ZT

- Il est pas là le dale?

- Non, il est au PAG

- Merde, z'avez-vu le dale?

- En AZLA

- En coordo

- Dans un BEC

- En ELP

- En EDD

- Pierre!! Pierre!! Vous êtes où?

(petite voix) - aux WC!!!"

Bienvenue à l'agence, il va falloir apprendre une nouvelle langue.

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25 février 2008

L'oral

J'ai les écrits!!! Je vais à l'oral.

Convocation dans un hôtel, je m'attends à une salle de réunion, de fait, tous les candidats convoqués à la même heure sont réunis dans une salle. On nous fait émarger puis on nous prie d'attendre dans un salon que notre jury nous appelle.

C'est mon tour, je suis le jury jusqu'à la chambre 125. Là, une pièce minuscule, moquette au sol, lit à la verticale contre un mur, table de chevet au milieu de la pièce remplie de papiers.

Je suis décidément très perplexe sur les recrutements à l'Anpe.

Pendant une heure, flot de questions, en fait, toujours la même question mais posée de milliards de façons : "comment supportez-vous le stress?".

Je pense m'en sortir, sors plutôt satisfaite, reste à attendre.

C'est bon, j'en suis, j'ai hâte de passer de l'autre côté du miroir aux chômeurs, en même temps, je me sens comme un imposteur : moi qui ai galéré si longtemps et qui ai été infoutue de trouver du boulot, quelle est ma légitimité pour aider les autres?

Enfin, vivement qu'on me propose un poste (euh... je dis ça, mais quand ça arrive, j'ai trois jours pour accepter, trouver un logement et déménager)

25 février 2008

Le concours

Cette révélation digérée, je mets tout en oeuvre pour entrer dans le processus : retirer un dossier d'inscription, me documenter sur le contenu des épreuves (il n'existe aucune annale, les sujets doivent rester mystérieux)...

Je décide de concourir dans une autre région puisque la mienne n'offre pas de places, ce sera en Bretagne. Je reçois donc une convocation pour les épreuves écrites à .... Brest (en plein centre de la Bretagne, pratique pour tous).

Après une nuit à l'hôtel à 1 km à vol d'oiseaux du centre d'épreuves, je pars avec 1 heure et demie d'avance pour le parc des expositions. 5 mn après mon départ, je me retrouve dans un bouchon monumental, énorme et trèèèèèès long. Je saurai après que 5000 candidats ont été convoqués dans un cul de sac.

5 mn avant le début des épreuves, après quelques accrochages de candidats aussi stressés, je suis toujours coincée dans ma voiture, je la laisse en plan aux mains de mon compagnon et finis en courant.

Entrée dans un parc des expositions énorme, rempli de tables, de chaises, glacial et ponctué de vociférations diffusées par un invisible gorille par des hauts-parleurs. Je me demande un peu ce que je fais là, il n'y a que 20 places au concours.

Ma place trouvée, je m'installe. Commence une longue observation de scènes étonnantes, le fou rire me guette.

Les surveillants sont débordés, le gorille invisible hurle toujours dans son micro, les candidats continuent d'arriver, plus ou moins pressés. Après trois-quart d'heure de retard, les surveillants (un par rangée, une véritable armée) distribuent les sujets, ceci tandis que les portes ne sont pas fermées et que les candidats arrivent encore.

Le gorille stigmatise tel ou tel surveillant : "rangée 9, dépêchez-vous de distribuer!!!", bienvenue à l'agence.

La première épreuve est un QCM, je réponds très vite aux questions dont je suis sûre et note au brouillon les numéros des questions où je sèche pour les retrouver très vite une fois tout lu. Un surveillant surgit et s'empare de mon brouillon, il me prend celui où j'ai noté les numéros "aucun signe distinctif!!!" (sur un brouillon???). A la fin de l'épreuve, personne n'a le droit de bouger, le gorille veille. Les surveillants vont de table en table et recomptent toutes les pages, copies et épreuves : "il est interdit de sortir le moindre élément".

On nous annonce alors que nous aurons seulement 3/4 d'heure de pause pour déjeuner compte tenu du retard pris. Je vous rappelle que nous sommes dans un cul de sac : il n'y a rien pour acheter à manger. Les candidats errent, désoeuvrés. Heureusement, mon compagnon est allé acheter un sandwich, je mange, contrairement à beaucoup.

J'ai envie de faire pipi : des toilettes de chantier sont installées, mais avec une heure de queue. Les portes du bâtiment étant ouvertes, je décide d'y aller aux toilettes. Au moment où je tourne la poignée, le gorille me hurle "stop!!! sortez de là".

Je vais donc faire la queue et arrive en retard pour la deuxième épreuve. Je décide de la faire très vite pour ne pas avoir de bouchon à la sortie. C'est parti! Je n'ai jamais rendu une telle copie, rien n'est rédigé : question 1: réponse....
Tant pis, c'est fait, attendre les résultats

25 février 2008

La génèse

Au chômage...

Ceux qui l'ont connu ou le connaissent savent très bien ce dont je vais parler. Le réveil sonne, très tôt... lever douloureux, comme tous les matins; mais comme beaucoup de chômeurs, je me lève tôt, pour me jeter très vite sur les offres d'emploi.

J'allume l'ordinateur avant même de déjeuner, bois mes cafés le temps qu'Internet se lance. Puis je vais de site en site, découvrir les nouvelles offres, avec ce sentiment grisant que l'on peut avoir quand on traverse un champ enneigé vierge de toute trace. Sentiment d'espoir, aussi, de découvrir enfin l'Offre.

Anpe.fr, amandia.com, monster, keljob.... pfffff que dalle.

Les jours, les mois passent, la recherche s'élargit à tout emploi non qualifié qui me ferait sortir de chez moi, être autre chose qu'un chômeur.

Le matin étant consacré à la recherche, aller à l'Anpe voir les offres affichées, répondre à celles qui paraissent ne pas déplaire (parce que plaire, on y croit même plus) :

"madame, monsieur, vous êtes à la recherche d'un ouvrier des travaux publics chargé de tenir les panneaux rouge et vert, je suis celle qu'il vous faut.  En effet, titulaire d'une maîtrise d'histoire, je prouve par là même ma grande autonomie et ma rigueur face aux tâches qui peuvent m'être confiées. Dotée d'une grande coordination et ne souffrant pas de daltonisme, je suis également capable de faire preuve d'autorité, je suis notamment apte à faire face à un 38 tonnes qui serait réticent à freiner.
Ma motivation est immense et provient de la grande fascination qu'a toujours exercé sur moi le monde des travaux publics, au service de l'usager..."

"madame, monsieur, votre offre de dénerveur de foies gras a vivement attiré mon attention. Capable d'une grande concentration, ainsi que mes longues études peuvent vous le prouver, je suis également très minutieuse, ainsi qu'en témoigne ma pratique artistique...."


A ce stade-là, on ne relit même pas ses lettres de motivation, on est même tenté de les truffer de conneries parce qu'elles ne seront de toute façon pas lues, le CV étant tellement peu en rapport avec les offres proposées.

Le mercredi, c'est le jour du Télérama, acheté dès sa sortie mais avec autorisation seulement de le lire dès que le reste est fini. Invariablement, je le commence par la fin, la rubrique "talents", les offres d'emploi.

Et là.... révélation : une annonce de concours pour être conseiller à l'emploi à l'Anpe.

Elle m'apparaît comme une évidence, ce sera mon métier.



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